Les
Chemins De Fer Français
1828-1938 :110
ans d’histoire scripophile.
1828-1842 :
les balbutiements
C’est en 1828 que commence l’histoire
du Chemin de fer sur le territoire Français, par l’ouverture d’une première
ligne de 23 km
destinée à transporter le charbon de Saint Etienne à Andrézieux (sur la Loire). Cette première
ligne se transforme vite en un petit réseau par adjonction de lignes :
En 1830 Givors à Rive de Giers, en 1832 Givors à Lyon Perrache puis St
Etienne à Rive de Giers en 1833. Ce premier réseau restera le seul jusqu’
en 1837 et s’étendra sur environ 120 km à sa fonction industrielle première
vint rapidement s’adjoindre le transport des voyageurs. Au début
directement dans les wagons à charbon et rapidement grâce à des voitures à
impériale spécialement créées à cet effet.
A partir de 1840 on vit s’ouvrir dans de nombreuses régions de France
d’autres lignes isolées dont le but était de relier un site industriel (le
plus souvent une mine de charbon) à une voie de communication (fleuve ou
canal).
C’est le cas pour les 15
km de la ligne Abscons à St Waast ouverts dès 1838
dans le Nord . De même en 1839 pour les lignes Montpellier à Sète et
Mulhouse à Thann . En 1840 et 41 Ales à Beaucaire (72km), Benfeld à Colmar,
Bordeaux à La Teste
.Les compagnies gérant ces lignes procédèrent ensuite, comme pour le réseau
stéphanois, à la création de petits réseaux par adjonction de nouvelles
lignes à celles déjà existantes.
Parallèlement à ces lignes industrielles on vit se créer, au
départ de la capitale, des lignes dont le rôle était le transport des
voyageurs. En 1837 Paris st Lazare – Le Pecq puis Asnières à Versailles en
1839 Versailles à Montparnasse et Paris Austerlitz à Corbeil en 1840
A cette époque naquirent également des sociétés dont le rôle était de
fournir aux compagnies de chemins de fer naissantes le matériel
nécessaire : En 1842 on ne recensait déjà pas moins de huit constructeurs
de locomotives.
1842-1879
Réseau National et Grandes Compagnies
En 1842, un projet d'édification d'un "réseau national" se
fait jour avec la loi du 11 juin donnant le schéma général des futures voies
de chemin de fer. Centré sur Paris, ce réseau a pris le nom d’étoile de
Legrand. Cette loi prévoyait également la mise en place de concessions de
longue durée pour les compagnies destinées à exploiter ce réseau.
Cette décision permit la naissance et le développement de nombreuses
compagnies concessionnaires d’une partie plus ou moins importante de ce
réseau national en formation.
La période qui suivit vit, pour le plus grand bonheur des scripophiles
que nous sommes, les habituels soubresauts liés à l’économie libérale:
disparition des compagnies les moins rentables ,fusions, concentration,
rachats, faillites…etc pour aboutir vers 1860 à l’existence de six grandes
compagnies dites " d’intérêt national "exploitant
chacune une partie du territoire national.
CARTE 1
La Compagnie des Chemins de fer du Nord
Créée
en 1845 par James de Rothschild elle assure le trafic dans la région Nord
en particulier vers les régions minières et vers la Belgique et la Grande Bretagne.
La première ligne joindra dés 1846 Paris à Douai et Lille, elle sera vite
étendue vers Valenciennes, Gand, Amiens et Boulogne. Entre1852 et 1889 les
chemins de fer du Nord absorbèrent une à une les compagnies présentes dans
la région (Picardie et Flandres, Nord-Est, Lille à Bethune, Lille à
Valenciennes, etc) Petit par sa taille le réseau Nord sera l’un des plus
dense et des plus actifs du pays.
Les Chemins de fer de l’Est
Un arrêté de 1837 autorise Nicolas Koechlin à construire une liaison
ferroviaire entre Thann et Mulhouse. Cette première ligne alsacienne ouvre,
nous l’avons vu, en 1839. Il poursuit son projet par l’ouverture en 1841 de
la ligne Strasbourg Bâle : cette ligne est tout à la fois la première
ligne Française à grande distance (140 km) et la première ligne internationale
d’Europe.
A partir de 1849 la compagnie de Paris à Strasbourg ouvre une ligne de
Paris à Meaux puis Epernay, La jonction sur Strasbourg sera achevée en1
1852.
Criblé de dettes Koechlin doit céder sa compagnie à la compagnie Paris
Strasbourg :Le Chemin de Fer de l’Est est né.
Lors de la guerre de 1870, après la défaite de 1871 le traité de
Francfort donne L’Alsace et la
Lorraine à l’Allemagne. Le réseau (768 km de voies) de ces
provinces qui reçurent le statut de Reichsland est donc placé sous la
direction de Berlin. Par décret impérial son exploitation est confié au
KGDEL (Kaiserliche General -Direktion der Eisenbahnen in Elsass
-Lothringen) . Sous sa direction le réseau fût fortement développé et
modernisé puisque lors de la victoire de 1918 c’est un réseau de 2030 Km qui est
récupéré par la France
La gestion de ce réseau n’est pas rendue aux chemins de fer de l’Est
mais confiée à l’état Français. En 1938 lors de son rattachement à la SNCF c’est le seul réseau
bénéficiaire en France.
L’Ouest – Etat
La Compagnie
de chemins de fer de l’Ouest est créée en 1851 : elle exploite les
lignes Paris – Laval et Chartres Viroflay
Le 16 juin 1855 le pouvoir central , désireux de réduire à six le nombre
des grandes compagnies impose le rachat ou la fusion avec les compagnies de
l’ouest de la capitale
St Germain, Auteuil, Versailles (rive droite et gauche), Paris Rouen et
Rouen Le Havre.
La compagnie de l’ouest étends alors son réseau vers la Normandie et la Bretagne en1858 elle
atteint Alençon en1859 Cherbourg et Pont l’Evêque, plus tard Le Mans,
Rennes, Guingamp et St Malo.
Le 25 mai 1878 un décret autorise l’Etat à reprendre les réseaux des
petites compagnies situées entre la Loire et la Garonne dont
l’exploitation était déficitaire afin de créer un réseau d’Etat
Il s’agit de :
- Compagnie
de chemins de fer des Charentes
- Compagnie
de chemins de fer Vendée
- Compagnie
de chemins de fer de Bressuire à Poitiers
- Compagnie
de chemins de fer de Saint-Nazaire au Croisic
- Compagnie
de chemins de fer d’Orléans à Chalons
- Compagnie
de chemins de fer de Tulle Clermont
- Compagnie
de chemins de fer de Orléans à Rouen
- Compagnie de chemins de fer de Poitiers à Saumur
- Compagnie
de chemins de fer Nantais
- Compagnie
de chemins de fer de Maine et Loire
Le 18 novembre 1908 une loi autorise les Chemins de fer de L’Etat à
racheter les chemins de fer de l’Ouest créant ainsi le réseau d’Etat tel
qu’il sera intégré en 1938 à la
SNCF
Le PLM
Le 11 mars 1832 les frères Talabot et leurs associés créent une ligne
d’Allais à Beaucaire. A cette ligne vient s’ajouter en 1837 la ligne
Grand-Combe au Gard. En 1847 P .Talabot crée une premier compagnie Lyon à
Avignon qui deviendra par la suite Lyon a Avignon avec Embranchement sur
Grenoble. Le 27 mars 1852 ces compagnies sont fusionnées aux lignes
Montpellier Cette et Montpellier Nîmes pour créer la compagnie Lyon
Méditerranée.
Au nord c’est en 1846 qu’est créée par Ch Laffitte et ses associés la
première Compagnie Paris Lyon. Après des problèmes financiers et un passage
sous séquestre de l’Etat cette compagnie est reprise en1852.
Le 3 juillet 1857 les deux compagnies fusionnent pour créer le P.L .M
(Paris Lyon Méditerranée).
Cette même année intervient Le démembrement du Grand central de
France : Cette compagnie, issue des premières lignes Françaises autour
de Saint Etienne et qui gère un réseau au nord du massif central est
divisée entre le P.L.M et le Paris Orléans.
Par la suite de nombreuses compagnies de la vallée du Rhône et des
environs furent absorbées : citons par exemple : le Dauphiné en
1857, forges d’Allais en 1867, Dombes et Sud à Est en1882.
De plus c’est le P.L.M qui gère les lignes Algériennes (l’Algérie est
depuis 1870 considérée comme trois département français) .
Le Paris Orléans
En 1838 C.
Lecomte et Cie Obtiennent la concession de la ligne Paris Orléans. Cette
compagnie Paris Orléans fusionne en 1852 avec les compagnies Orléans
Bordeaux, Tours à Nantes et Du Centre toutes trois fondées en 1845 pour
créer le Paris Orléans définitif.
En 1857 nous avons vu qu’elle se partage avec le PLM les lignes du Grand
Central de France. Elle absorbe la même année Montluçon Moulins et Paris à
Orsay.
Le Paris Orléans rachète ensuite quelques autres compagnies comme
Libourne à Bergerac en 1869 et Clermont-Ferrand à Tulle en1883
Elle fusionnera en1934 avec les Chemins de fer du Midi
Les Ceintures
Toutes ces compagnies (sauf le Midi), avaient une gare à Paris. Elles
fondèrent un syndicat destiné a gérer conjointement le réseau de
contournement de la capitale
Les Chemins de Fer du Midi
Dans le sud ouest tout commence on l’a vu par la compagnie Bordeaux La Teste en 1841. Cette
petite compagnie projetait d’étendre son réseau vers l’Espagne. Rapidement
en difficultés financières elle est mise sous séquestre par l’Etat en 1848.
En 1845 la compagnie de Bordeaux à Cette projette de relier l’atlantique
à la Méditerranée
mais elle ne peut recueillir les fonds nécessaires.
En 1852, l’Etat accorde aux frères Pereire, plus solides financièrement,
la concession pour la réalisation de l’axe Bordeaux Cette, inaugurée en
1857, ainsi que des extensions vers Bayonne, Narbonne, Castelnaudary et
Castres. La Compagnie
du Midi et du Canal latéral de la Garonne absorbe en 1857 l’ancien chemin de
fer de La Teste
Entre la chute du second Empire et 1871(Convention Freycinet) Le Chemin
de fer du Midi ouvre de nombreuses lignes vers le grandes villes du Sud
Ouest : Bayonne, Tarbes, Lourdes etc
Grâce au rachat de la compagnie Graissessac à Béziers elle étend son
réseau vers Rodez et Montpellier avec une extension vers la Lozère. Mais la
tentative d’extension vers Marseille le long de la Méditerranée fût
un échec.
La Compagnie
de Perpignan à Prades fût également rachetée en 1884
Les chemins de fer du Midi et le Paris Orléans fusionnent le 18 mai 1934
pour former une compagnie gérant tout le réseau sud ouest
Les CFL
L'année 1867 voit l'ouverture de la première ligne des CFL (chemins de
fer locaux) : Glos-Montfort à Pont-Audemer dont les caractéristiques
de tracé sont moins sévères que celles des CFN (chemins de fer nationaux)
ouvertes jusqu'alors. De nombreuses autres suivront (Colmar à Munster
en1868, Briouze à la
Ferté Macé en 1869 etc) .Une grande partie de ces lignes
seront ensuite intégrées dans le réseau national
Vers 1875 le réseau national couvrait environ 25000 km et desservait
déjà toutes les villes importantes du pays. On peut constater que ce
premier réseau recouvre pratiquement celui que l’on retrouve en 1939(mises
à part les lignes coordonnées).
CARTE 2
1879-1914
Plan
Freycinet, Epoque du Tout Ferroviaire
En 1879 Charles de Freycinet
(Polytechnicien alors ministre des Travaux public et par la suite plusieurs
fois Président du Conseil entre 1882 et 1892) fit adopter un programme de
grands travaux dont le but était de relier toutes les sous préfectures au
réseau d’intérêt national existant ce qui impliquait la création de
quelques 160 nouvelles lignes et plus de 10000 km de voies
supplémentaires. Ce programme de longue haleine fut mené à bien jusqu'à la
guerre de 1914.A terme seules deux sous préfectures (toutes deux du
département des basses-Alpes) restèrent privées de train :
Barcelonnette et Castellane. Afin de financer ces lourds investissements et
d’assumer ces nouvelles lignes souvent peu rentables les compagnies eurent
recours à l’emprunt ce qui explique les nombreuses obligations émises par
les compagnies d’intérêt national à cette époque et après.
Là ne s’arrête pas le développement des voies ferrées en France. En
effet après les sous préfectures ce fût au tour des chefs lieux de canton
de subir l’appel du rail. On créa donc des réseaux départementaux à voie
étroite par mesure d’économie. Chaque département voulant le sien, ces
lignes foisonnèrent entre1880 et 1914. Ce réseau fût construit le long des
routes et parfois même directement sur la chaussée toujours pour des
raisons financières.
En même temps que le chemin de fer se développait sur les routes il
faisait également son apparition dans les grandes villes. Celles ci
commencèrent dès 1880 à s’équiper de Tramways. D’abord hippomobiles ces
transports urbains firent appel successivement à toutes le formes d’énergie
disponibles : Vapeur, air comprimé, accumulateurs, enfin électricité
avec caténaires aériens.
C’est en 1900 que fût inaugurée à Paris la première ligne urbaine
souterraine Le Métropolitain
L’année 1914 marque bien l’apogée du chemin de fer dans
l’hexagone : Grandes lignes couvrant l’ensemble du territoire exploité
par les six grandes compagnies, réseau secondaires maillant les
départements, tramways urbains dans toutes les grandes villes avec souvent
d’importants prolongements en banlieue le tout géré par de multiples
compagnies indépendantes : Paris par exemple comptait dix compagnies
de Tramways différentes.
Cette omniprésence du rail est bien sensible sur la carte de
l’indicateur Chaix datant d’après la guerre de 1914.
CARTE 3
1914-1938
Décadence
progressive et nationalisation
La guerre de 1914 1918 eut de nombreuses
conséquences sur les voies ferrées françaises.
Elle marqua d’abord un point d’arrêt net au développement du réseau
secondaire, seules quelques rares lignes furent remises en chantier après
1918
Le réseau Nord très démoli par les hostilités fut reconstruit et
modernisé
Le réseau Alsace-Lorraine ayant regagné le giron national de nouvelles
lignes furent créées pour le relier au réseau national : Lerouville à
Metz et deux traversées des Vosges.
Cette période vit également le développement de la concurrence des
transports routiers tant pour le fret que pour les passagers (plus
particulièrement ceux des classes supérieures qui commencèrent à voyager en
automobile) Les Compagnies de Chemins de Fer connurent alors d’importantes
difficultés financières .Malgré l’abandon au profit de l’autocar de
quelques 11000 km
de lignes non rentables et les conventions signées en 1921 avec l’Etat
grâce auxquelles un Conseil supérieur des chemins de fer et un Fond commun
furent créés.
ces difficultés ne firent que s’accroître, encore amplifiées par la crise
de 1929
Le 1 janvier 1938 l’ensemble des activités des cinq compagnies était
repris par la Société Nationale des Chemins de fer
Français (S.N.C.F.) qui avait été créée alors pour quarante-cinq ans ;
elle avait le statut d'une société anonyme d'économie mixte dans laquelle
l'État détenait la majorité. Depuis le 1er janvier 1983, la S.N.C.F., établissement
public industriel et commercial, fait partie intégrante du domaine de
l'État.
|